CONCEPTIONS PHÉNOMÉNOLOGIQUES DU « POSSIBLE » :
déplacements, renversements,
radicalisations
27-28 MARS 2014
UNIVERSITÉ LAVAL
Le Je est donc justement, en son effectivité, pure possibilité ;
ce Je-peux est précisément l’existence existante.
– Heidegger, Interprétation phénoménologique de la CRP
L’« énergie » appartient à la puissance.
– Heidegger, Nietzsche, Tome II
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La neutralité métaphysique que revendique la phénoménologie naissante se traduit sans doute avant tout par la suspension des questions traditionnelles de l’ontologie et, semble-t-il, de sa conceptualité, notamment l’opposition directrice entre l’effectif et le possible, l’acte et la puissance. La conversion du regard qu’opère la phénoménologie, tant husserlienne que posthusserlienne, permettrait ainsi en principe de penser à neuf le concept de « possible », comme en témoignent le Je-peux (Ich kann) husserlien, le pouvoir (Vermögen) et la puissance (Macht) chez Heidegger, la potentialité chez Merleau-Ponty, ou encore l’idée de « pouvoirs du corps » chez Michel Henry.
De façon schématique, nous pouvons relever que la phénoménologie husserlienne opère un déplacement décisif de la catégorie du possible, la faisant passer de la chose au sujet, sujet dont l’ouverture au monde dépend en tout temps d’un pouvoir originaire de se-mouvoir, d’agir, etc. Cette première transformation donnera elle-même lieu à un renversement du rapport classique entre puissance et acte, en ceci que le Soi s’avère être déjà pleinement en acte à travers ses potentialités existentiales ou incarnées, qui ne sont plus alors conçues privativement comme une imperfection en regard de la substance en acte. Enfin, n’assistons-nous pas, tant avec le dernier Heidegger qu’avec les conceptions de l’événement (Marion, Romano, etc.) et du possible-impossible (Derrida), à une certaine radicalisation (voire ré-ontologisation) du questionnement sur le possible, qui apparaît alors comme une limitation indue à la donation au sens fort du terme ?
Cette journée d’étude entend expliciter les divers aspects de la contribution essentielle de la phénoménologie à la conception du philosophème qu’est le possible (potentia, possibilitas, etc.). Il s’agira par le fait même de mettre en relief quelques-uns des jalons de l’évolution de la pensée phénoménologique, mais aussi éventuellement de déceler des indices de la dette de la phénoménologie envers les philosophies qui la précèdent, notamment à la philosophie aristotélicienne et à l’idéalisme allemand.
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PROGRAMME
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JEUDI 27 MARS
13h Mot de bienvenue
13h15
L’a priori comme possibilité pure chez Husserl
Denis Courville, Université du Québec à Montréal
14h
Conversions du possible dans les Recherches logiques
Marie-Hélène Desmeules, Universités Laval et Panthéon-Sorbonne
14h45
Husserl et le réel impossible
Vincent Grondin, Collège Édouard-Montpetit
16h
La structure phénoménologique du « comme tel »
Maxime Doyon, Université de Montréal
16h45
Dominique Pradelle, Université Paris-Sorbonne
VENDREDI 29 MARS
10h30
Dire l’animal, est-ce possible?
Derrida et la venue de l’Autre Jean-François Perrier, Université Laval
11h15
Potentialité et pouvoir de la chair chez Michel Henry
Jean-Sébastien Hardy, Universités Laval et Paris-Sorbonne
14h00
L’« horizon » de la connaissance chez Kant : Portée et limites d’une métaphore
Maria Hotes, Université Ludwig-Maximilian
14h45
Heidegger et la possibilité « plus haute » que l’effectivité
Michel Rhéaume, Université Laval
16h
La douleur du désaccord : Heidegger, Hegel et le besoin de la philosophie
Olivier Huot-Beaulieu, Université de Montréal
16h45
Vers une « démodalisation » du possible : Heidegger et le clivage de l’estre
Iain Macdonald, Université de Montréal
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